jeudi 1 mars 2012

Pourquoi vous voterez pour Jean-Luc Mélenchon, et moi aussi !

N'étant pas français, pour moi c'est une énorme frustration de ne pouvoir donner ma voix à Jean-Luc Mélenchon; d'où ma décision de glisser ce billet en faveur du "The Candidat" qu'il est ! 

Charisme, Courage et Culot diriez vous ! Si c'était seulement que cela... C'est juste la partie émergente du "The Candidat", que laissent transparaître les médias.

En effet, "The Candidat" du Front de Gauche et bientôt j'espère du peuple français tout court, non seulement il est le plus "Crédible" des candidats et ce n'est pas moi qui le dit mais bel et bien le veritomètre d'Itv ! Mais encore mieux, c'est le plus "Combattif", et certainement le plus "Cohérent"

Crédible oui il l'est ! 

Il parle vrai aux français, ce n'est point le cas de ses adversaires, une Marine Le Pen populiste, un Nicolas Sarkozy définitivement mythomane, un François Bayrou transparent ou enfin un Francois Hollande hésitant ! Au moment où les autres proposent un traitement palliatif au libéralisme sauvage qui ronge le corps d'une France plus faible que jamais, notre Méluche à nous, le seul vrai candidat du peuple, propose de trancher dans le vif, non pas celui des citoyens fonctionnaires, employés du privé ou chômeurs, non, non, il tranchera dans le vif du sujet, celui des financiers véreux !

C'est son programme, je n'ai rien inventé, voilà pourquoi il est crédible à mes yeux et aux vôtres certainement.

Combattif et comment ! 

Je ne fais point allusion au démolissage de Marie Le Pen sur France2 lors de l'émission des paroles et des actes qui porte d'ailleurs très bien son nom, puisque on a dû survivre aux blablablas d'une raciste écervelée avec la complicité d'un Pujadas complètement dépassé et un Henri Gaino complaisant pour ne pas dire complice, avant d'assister à un rare moment d'émotion, avec un Méluche charismatique et humaniste à souhait qui est passé à l'acte face à une semi-démente complètement démontée pour ne pas dire démentifiée et définitivement démystifiée, une véritable délivrance ! 

Non, non, la combattivité de Méluche, ne date pas de cette anecdote là, mais depuis qu'il a décidé de faire de son engagement politique, le combat de sa vie, en faveur des mal-nantis, des anéantis, du peuple français, ouvriers, paysans, fonctionnaires, et bien d'autres papas et mamans qui ne rêvent que de voire leurs enfants grandir dans un pays où tout un chacun quelque soit son origine, la couleur de sa peau, sa classe sociale, sa religion, puisse vivre avec dignité et en toute sérénité.  

Cohérent à souhait ! 

Et si vous en doutez encore, il suffit de parcourir sa carrière, depuis qu'il a été brillamment élu sénateur, le plus jeune de l'histoire de la république à 35 ans, il n'a cessé de porter, clamer haut et fort les mêmes convictions, redonner au peuple ce qui lui appartient ! 

PRENEZ LE POUVOIR !  Votons pour la VIème république, pour une nation dans laquelle les mots "Liberté, Égalité, Fraternité" auront de nouveau un sens !

RDV à la BASTILLE le 18 mars, même si je ne suis pas français, et que je n'ai pas le droit de voter, j'y serais, rien que pour partager un moment de la révolution du peuple français ! 

Indignons nous ! Soyons ensembles non seulement à la Bastille le 18 mars, mais aussi et surtout le 22 avril et le 6 mai aux urnes ! 

Rendons justice et dignité au peuple français, votons Jean-Luc Mélenchon !

TwIttNTIN

mercredi 29 février 2012

Moncef Marzouki n’est plus, la Tunisie est orpheline de sa révolution !


Le militant des droits de l’humain, l’opposant farouche au dictateur Ben Ali, le président du congrès pour la république devenu soudainement président de la république tunisienne, s’égare au point de confondre popularité et populisme … Il a disparu, il n’est plus de ce monde là, mort et enterré déjà ! 

Ok, je sais, mes propos vont choquer, et pourtant je ne fais que relater la stricte réalité, du moins ma vérité à moi !

Moncef Marzouki qui aura tant porté les espoirs d’un peuple muselé, réprimé et qui a fini par se révolter; depuis qu’il a obtenu ce qu’il voulait, du moins l’illusion d’un pouvoir autant provisoire qu’éphémère, il a disparu pour ressusciter sous le burnous d’un mec aussi lâche qu’incompétent !

Félon, certainement il l’est, il suffit juste de constater qu’il ne lui a pas fallu trop d’efforts pour troquer ses soit disant convictions en échange d’un lit à Carthage. Il fut un temps où Alyssa conquit ce bout de terre, berceau de notre civilisation multimillénaire au prix de sacrifices abondants et d’une intelligence hors-pair. N’essayez même pas de comparer…

Traitre, absolument il l’est, puisque il a bradé notre révolution en échange d’une illusion de pouvoir qu’il a toujours convoité. Ce mec là, n’a même pas l’étoffe du burnous qu’il porte, tellement il s’est dénudé au point de baisser son froc.

Vendu à la cause des barbus, des ayatollahs  qui se sont autoproclamés des défenseurs d’une religion qui ne leur appartient point, puisque c’est celle de tous les tunisiens.

Inadéquat, un euphémisme vu le nombre de bourdes qu’il a accumulé, les déclarations farfelues et autres élucubrations au point de vouloir offrir l’asile au président de la Syrie,  un dictateur sanguinaire poursuivi par le Tribunal Pénal International.

Voilà, loin de moi l’idée de faire le procès, ou de dresser une potence pour ce monsieur, mais fallait le dire !

Merci de m’avoir lu, la révolution ne fait que recommencer…

TwIttNTIN

mercredi 24 août 2011

Acta est fabula : la pièce est jouée.

Ou devrais-je dire, rien ne vas plus,  les jeux sont faits !

Pour comprendre la pièce tragicomique qui est à l’affiche du théâtre qu’est la Tunisie de l’après révolution, il serait judicieux de jeter un coup d’œil par la lucarne du passé. 

Ainsi, au cours du quart de siècle de dictature Zabatiste, trois institutions ont représenté le symbole de la tyrannie.

Tout d’abord, la « Police » qui a joué son rôle à la perfection dans l’œuvre du chef autoproclamé ; un vrai chef d’œuvre en matière de terreur, d’humiliation et de dénigrement, non seulement des opposants au régime, mais de toute une nation, hommes, femmes et enfants.

Cette police nationale qui se devait de protéger les citoyens et leur assurer la sérénité est devenue le cauchemar de tout tunisien, aussi honnête soit-il. Au-delà des exactions des plus élémentaires des droits des citoyens, la police de Zaba s’est ingénuée en matière d’impositions fiscales non déclarées, comprenez corruption.

Eh oui, notre police est un  « Corpus corruptus » (Corps corrompu) qui a besoin d’une œuvre d’assainissement en profondeur, afin d’aspirer à une authentique police digne d’une démocratie. Le coup de balai donné dans la fourmilière par Farhat Rajhi, avait plus pour but d’épater la galerie que de changer les mentalités et les pratiques d’une police gangrénée par la corruption.

Puis, la « Justice », la « Dextera diaboli », traduisez, la main droite du diable qu’était Zaba ; une main tatouée d’injustice qui n’a pas hésité à jeter dans les tréfonds des geôles, des citoyens dont le seul tort, c’est d’avoir réclamés le droit à la dignité.

Cette justice là, la main droite de Zaba, continue aujourd’hui à sévir et servir ; servir les nantis et les corrompus et sévir contre les indigents et des citoyens innocents. Et pour ceux qui oseraient contester ce constat, je leur cite les cas Agrebi & Feriani.

Cette justice de notables n’a plus lieu de citer dans la Tunisie post-révolution qui ambitionne une justice juste vis-à-vis des justiciables et loyale à l’esprit de la loi. Or ce qui se passe dans les coulisses du ministère de la justice laisse présager d’un avenir encore plus sombre que la robe d’un avocat.

Enfin, et c’est la pire d’entre tous, celle qui a contribué à faire de la Tunisie, un jardin privé de Ben Ali et ses familles. Une institution qui était sensée protéger la nation, et qui s’est muée en un instrument clé d’une dictature édulcorée. Le « Parlement », entendez la chambre des députés, qui n’a cessé de légiférer au gré des humeurs de Zaba, au point de lui dresser un tapis rouge pour la présidence ad-indeternum, sans la moindre contestation, députés RCDistes et opposition de carton.

Ce parlement là qui a fait de la Tunisie, un paradis pour Ben Ali et ses familles, et un enfer pour les tunisiens, était présidé par des hommes de main de monsieur le président, et lui obéissaient au doigt. Parmi ceux là, on retrouve deux vielles connaissances, j’ai nommé :
  • M. Béji Caïd Essebsi, chef du gouvernement provisoire, qui a occupé les fonctions de président de la chambre des députés de 1990 à 1991, et qui a contribué largement à la promulgation de lois liberticides.
  • M. Fouad Mbazaâ, président provisoire et constitutionnellement illégitime, qui a occupé les fonctions de président de la chambre des députés de 1997 au 14 janvier 2011, quatorze années de lois promulguées pour servir les intérêts de ses bienfaiteurs. Ainsi, tout y est, amendements de la constitution, lois liberticides, d’autres ayant contribué au désastre économique et écologique que vit la Tunisie d’aujourd’hui.
Ces honorables messieurs qui ont veillés à la destinée de l’une des institutions qui a le plus contribué à la pérennité d’une dictature implacable, s’érigent aujourd’hui en garants de notre révolution !!!

Dans un monde parfait, le président et son premier ministre devront être traduits devant une justice, une vraie et non celle qu’ils maintiennent contre vents et marées, pour répondre de leurs crimes à l’encontre de la nation du temps où ils étaient présidents du parlement.

Mais non, rassurez-vous, Kamel Lataif veille au grain, rien n’a été laissé au hasard, car sieur Mohammed Ghannouchi le prédécesseur du vieux, a assuré, en nommant à la tête de la haute instance machin, un proche du locataire de Carthage.

Bref, la pièce est jouée dites-vous ; peut-être bien que oui, mais peut-être bien que non, à condition que la révolution aille jusqu’au bout pour assainir définitivement toutes les institutions gangrénées par un quart de siècle de pourriture.



                                                            Sami Abid
                        Membre fondateur & Vice-président 
                            du Congrès Démocrate Social
                       Chargé des affaires internationales



Post-scriptum : prochain article « Autopsie d’une partitocratie mort née »

dimanche 5 juin 2011

Que s'est-il exactement passé le 14 janvier 2011 ?

Histoire de l'intervention de la Brigade Anti Terrorisme
Par Abdelaziz Belkhodja vendredi 3 juin 2011, 12:53

A la suite d'un article publié la semaine dernière (PETRODOLLARS CONTRE REVOLUTION), j'ai reçu des précisions dignes d'être rapportées.

En fait j'avais écris : "La pression, énorme, a fait que Ben Ali a décidé de partir avant que les forces armées et de police du pays ne se retournent contre lui."

Cette phrase a fait réagir un ami qui a décidé de me révéler les dessous d'une affaire qui aurait déjà du être dévoilée aux Tunisiens par la commission créée à cet effet. Mais cette 
Commission ira-t-elle au bout de sa mission? Ce questionnement me commande de vous révéler ce qui m'a été rapporté, vous jugerez de la véracité de ces faits.

Voici donc le témoignage que j'ai reçu, il vaut ce qu'il vaut, tout ce que je peux vous dire est que beaucoup de recoupements faits concordent avec cette version des faits.

Le 14 janvier vers midi, le colonel Tarhouni commandant de la Brigade Anti-Terrorisme (BAT) reçoit un appel du ministre de l'Intérieur qui lui demande des renforts en hommes. Le colonel envoie un groupe d'intervention. Inutile de vous dire que chacun d'entre eux vaut 50 flics normaux. Ces hommes là sont bâtis comme des armoires à glace et sont entraînés comme les SWAT américains.

Ces hommes se déploient dans le ministère et constatent la panique totale des fonctionnaires. Les manifestants sont à quelques mètres à peine des portes. Il n'y a même pas la place pour manœuvrer. Pour ne pas avoir à gérer une panique si les manifestants investissent le ministère, l'unité de la BAT vide le hall. Les ordres du colonel sont catégoriques : ne pas tirer sur les citoyens.

Entre la facade du ministère et les manifestants, un rideau de BOP (Brigades de l'Ordre Public, équivalent des CRS français et autant haïs par ailleurs), des BOP beaucoup plus craintif qu'agressifs, la peur se lit dans leurs yeux, entre deux "dégage" les manifestants scandent : "Dekhiliya, dekhiliya yelli tohkom fikom trabelsia", la situation est honteuse, à la limite du dramatique pour les policiers dont certains, des fenêtres du ministère, saluent la foule. Les BOP ont des consignes strictes dictées par le discours présidentiel de la veille : ne pas tirer sur les manifestants.

Au Palais présidentiel aussi c'est la panique, les informations qui arrivent sont très négatives, tout le pays est en ébullition, les manifestants du Kram veulent marcher vers le palais présidentiel et à Tunis, avenue Habib Bourguiba, ils sont plus de 60 000 devant le ministère de l'Intérieur, véritable symbole du pouvoir de Ben Ali. A hammamet et en banlieue, les maisons des proches du régime sont saccagées. Les discours, les meurtres, les arrestations, la propagande, etc n'ont servit à rien, un seul mot d'ordre pour tous les Tunisiens: "dégage", et le monde entier à les yeux rivés sur la Tunisie. La France commence à vivre une polémique sur MAM et les USA défendent à Ben Ali de toucher à l'Internet.

Décision est prise par plusieurs proches du régime de quitter le pays, avions privés et lignes régulières sont sollicités, les Trabelsi et belles familles vont à l'aéroport.

Au QG de la BAT, à Bouchoucha, le Colonel Tarhouni est au téléphone avec le commissaire de l'aéroport et tout à coup celui-ci lui dit que les Trabelsi s'apprêtent à quitter le pays. Immédiatement, le Colonel réunit quelques hommes et leur annonce la nouvelle. La plupart d'entre eux (quelques-uns hésitent) sont d'accord pour aller tenter de les arrêter. Le commandos prend tout le matériel nécessaire, passe à l'armurerie et se dirige vers l'aéroport.

En arrivant, les BAT apprennent que la famille est deja sur le tarmac, en train de monter dans le bus qui va les emmener vers un avion, ils disent aux forces de sécurité de l'aéroport qu'ils ont pour "ta3limettes" (consignes) de protéger les Trabelsi. Ils traversent le salon d'honneur vers le tarmac puis prennent d'assaut le bus, quelques Trabelsi fuient, mais la plupart sont arrêtés, on leur enlève leurs portables et ils sont reconduits au salon d'honneur. Là, les commandos vérifient les papiers et s'aperçoivent que beaucoup d'identités ne concordent pas (belle famille, etc), ils recomposent la famille pendant que certains membres de la brigade recherchent les plus connus des Trabelsi, Imed, Moez et Belhassen. Mais ces trois derniers ne sont pas à l'aéroport. Belhassen est parti par mer et Moez est deja en Algérie depuis la veille. 

Les commandos de la BAT découvrent par contre Moncef sous un bureau  avec un pistolet Berreta et l'emmènent au Salon d'honneur. Quelques minutes plus tard, le commissaire de l'aéroport, qui est à côté des commandos reçoit un appel de Imed Trabelsi. En voyant son nom sur l'écran du téléphone, les hommes de la BAT ordonnent au commissaire de lui dire de venir, de lui dire que tout est calme. Imed, qui est deja à l'aéroport, tombe dans le piège, les gars du BAT l'accueillent devant le salon d'honneur et lui disent qu'ils sont là pour le protéger. Imed sort en bombant le torse. Il rejoint les autres au Salon d'honneur et là, il découvre que tout le monde est pris en otage. Tarhouni leur redonne alors leurs téléphones portables : il est temps que la prise d'otage soit communiquée à Ben Ali. Les otages appellent leur famille, Leila etc.

À la Présidence, la panique augmente, Seriati ne comprends rien. Il appelle Tarhouni qui à le bon réflexe de lui répondre :
- "ce sont les consignes"
Seriati demande :
- "Les consignes de qui?" et Tarhouni raccroche.

Plusieurs appels similaires ont lieu, non seulement de Seriati, mais de la plupart des gros bonnets de la sécurité. Seriati et Ben Ali ne comprennent plus rien, ils pensent qu'il y a du complot dans l'air. La sécurité ne peut plus être assurée. La décision est prise de préparer le départ de Ben Ali et sa famille proche. Sériati appelle également le ministre de la défense pour lui faire part de la situation. L'armée décide d'envoyer un commando héliporté de cinq appareils pour reprendre le contrôle de la situation.

Pendant ce temps, Tarhouni, qui a reçu des menaces de Seriati et des autres officiers, appelle les chefs des autres unités d'élite. Il obtient au téléphone le commandant de l'Unité Spéciale de la Garde Nationale (USGN), un autre corps d'élite, pratiquement le meilleur avec la BAT, basé depuis décembre à la caserne de l'Aouina, donc à 5 minutes des BAT. Son Commandant et ses hommes se rangent du côté des rebelles et décident de les rejoindre. Tarhouni appelle ensuite un officier du GIP (Groupe d'Intervention et de Protection, attaché à la Présidence), mais celui-ci ne comprend pas ce que lui dit Tarhouni. Il croit qu'il le défie alors que celui-ci lui dit : "Si tu es un homme, viens nous rejoindre".

Entre temps, la situation s'aggrave pour Seriati : lorsqu'il annonce aux hommes du GIP qu'ils vont escorter Ben Ali à l'aéroport, 50 hommes sur 70 refusent ! Seriati en est malade, lui qui a mis sous sa coupe toute la sécurité du pays voit ses propres hommes lui désobéir. La panique est proche. Ben Ali lui, sait que la BAT est à l'aéroport, il sait que ces hommes là sont capable de tout !

La situation est de plus en plus intenable. Seriati, qui ne sait pas que les USGN ont aussi fait défection, pousse Ben Ali à quitter le pays, "le temps de comprendre ce qui se passe et de faire le ménage". Seriati est sincère, c'est le fidèle parfait, en bon soldat, il ne risque pas de trahir son maître, tout comme l'armée d'ailleurs, totalement fidèle à l'Etat (malgré les rumeurs de refus d'obéir aux ordres), c'est d'ailleurs bien ce que l'on demande à une armée. 

Pendant ce temps les unités spéciales apprennent que 3 avions, sur le tarmac de l'aéroport, sont susceptibles de transporter des Trabelsi. Les USGN, rebelles avec la BAT investissent les pistes pour bloquer les vols. Ils montent dans les avions et vérifient les identités. Il paraîtrait qu'ils auraient trouvé un proche de Ben Ali, peut-être l'une de ses filles ou quelqu'un d'autre. Les hommes appellent alors Tarhouni qui leur dit de laisser partir, c'est les Trabelsi qu'il veut arrêter. 

Cette personne aurait alors appellé son père qui, en flic averti, lui demande la couleur des uniformes. Sirine lui aurait dit : "verts". Ben Ali, qui jusque là n'avait que les renseignements remis par Seriati (qui savait que la BAT avait fait défection mais pas l'USGN) pense que Seriati joue double-jeu. En tout cas, il ne lui fait plus confiance. Seriati en est malade.

La situation est désormais très grave car l'USGN, basé à la caserne de l'Aouina (adjacente à l'aéroport), est à quelques minutes du Boeing 737 de la Présidence. Ainsi, les hommes de la BAT sont d'un côté de la caserne, ceux de l'USGN de l'autre. La fuite de Ben Ali va se faire dans des conditions de sécurité particulièrement faibles. Ben Ali est pour la première fois de sa vie confronté à cette situation et il en éprouve une peur bleue.

Les hélicoptères de l'armée, destinés au départ à attaquer la BAT, sont dirigés vers l'Aouina, ils atteriront entre la piste de décollage de l'avion présidentiel et le reste de l'aéroport pour former un mur de protection contre BAT et USGN.

L'armée se déploie dans la caserne de l'Aouina pour protéger Ben Ali qui arrive, escorté de Carthage à l'Aouina par les 20 "ninja" du GIP. Dès que le Boeing est prêt (le commandant Cheikhrouhou est hésitant à décoller sans plan de vol), il sort du hangar et se dirige vers le tarmac, les "ninja" du GIP escortent l'avion présidentiel jusque sur la piste et roulent même de chaque côté de l'avion jusqu'au décollage : ils savent de quoi les unités spéciales sont capables, ils connaissent leur armement et veulent protéger Ben Ali jusqu'au décollage. Une fois en vol et assuré de sa sécurité, Ben Ali, qui comme on l'a vu, doute de la fidélité de Seriati, appelle le ministre de la Défense et lui demande de l'arrêter, ce qui sera fait par l'armée à l'aéroport.

L'avion présidentiel se dirige alors, sans plan de vol (il le recevra en plein vol) vers la Libye, de là, il fera cap à l'est vers l'Arabie Saoudite qui est avertie de son arrivée.

À la Présidence, à Carthage, l'officier de réserve du GIP essaye d'appeler Seriati, mais ce dernier ne répond pas puisqu'il est arrêté et que son téléphone a été confisqué. L'officier du GIP ne comprends rien, il appelle Tarhouni qui lui apprend que Ben Ali est parti et que Seriati est arrêté par l'armée. L'officier du GIP lance alors immédiatement, selon la procédure légale, l'opération nécessaire pour assurer la continuité de l'Etat et fait venir à la Présidence, d'une façon un peu musclée et interprétée de différente manières, Mbazaa, Ghannouchi et Kallel qui feront devant les caméras de télévision la déclaration de vacance du pouvoir.

Au même moment, à l'aéroport, Tarhouni remet les Trabelsi à l'armée et les deux brigades spéciales (USGN et BAT) quittent les lieux. Mission accomplie.

Aujourd'hui, les hommes des brigades spéciales déclarent qu'ils n'ont joué aucun rôle dans cette révolution, que simplement, ils se sont substitués au peuple pour faire ce que tout le monde voulait.

L'histoire de ces hommes ne doit pas rester méconnue. 
Par un extraordinaire hasard dont seul Dieu à le secret, ce sont probablement les unités spéciales, si chères à Ben Ali, qui ont activé son départ.

J'espère avoir transcrit avec fidélité ce qui m'a été rapporté. Les erreurs sont très possibles, je n'ai pas eu assez de témoignages pour faire tous les recoupements nécessaires. Il m'a semblé que ces faits, en l'état, méritaient d'être publiés en attendant la conclusion de la Commission d'établissement des faits.

A.B.

jeudi 2 juin 2011

Vous avez dit référendum ? par Gilbert Naccache



Je vous livre ici un article de très très haute facture, comme nous a souvent habitué son auteur, Gilbert Naccache.
Très bonne lecture.

« Vous avez dit référendum ?

La Haute Instance pour les élections commençait à laisser entendre que les élections à la Constituante ne pourraient sans doute pas se tenir le 24 juillet que déjà ressortait l’idée de renoncer à la constituante pour faire voter par référendum une constitution… le 24 juillet.

Il n’est pas important de chercher qui a lancé cette idée, ni au profit de qui. Mais il est difficile de ne pas se demander pourquoi diable on a remis sur le tapis une décision du premier gouvernement Ghannouchi, qui avait d’ailleurs été à l’origine de la création de la Commission de la réforme politique, qui se transformera plus tard en Haute Instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, la réforme politique et la transition démocratique… ? Cette décision avait été dépassée à la suite de la mobilisation des forces vives de la révolution qui avaient exigé l’élection d’une assemblée constituante, et provoqué en passant la chute de Ghannouchi et son remplacement par Caïd Essebsi, la suspension de la constitution de 1959, et le début du changement de cap du pouvoir… S’agirait-il d’une insidieuse remise en cause d’un acquis fondamental de la révolution, ou même de la révolution ? Laissons les lecteurs juger de cette question, et, nous adressant à ceux qui ont repris ce mot d’ordre de bonne foi, efforçons-nous d’en comprendre le sens véritable, voire la portée de telles demandes.

Une partie des partisans d’un référendum constitutionnel craignent que se prolonge l’illégitimité politique, et donc l’affaiblissement d’un gouvernement fragile au départ. L’approbation d’un texte fondamental accélérerait la solution de la crise actuelle.

Une autre partie craint que, dans la situation que nous connaissons, les membres d’Ennahda soient les vainqueurs des élections à la constituante et nous imposent, en plus d’une constitution islamiste, plusieurs années de direction du pays.

La solution, dans les deux cas serait la rédaction d’un (ou plusieurs) texte(s) de constitution par des experts, texte qui sera soumis au référendum. C’est oublier un certain nombre d’éléments. Et d’abord que tous ce qu’ils redoutent se posera à nouveau un peu plus tard : reculer ne permet pas de mieux sauter, en la matière.

Le premier problème est celui de la nomination des experts chargés de cette rédaction : par qui seront-ils nommés ? On avait une commission d’experts, on l’a dit, qui avait été nommée par Ghannouchi, et on sait ce qu’il en est advenu. Faut-il repartir à zéro, nommer les mêmes en ignorant ce qui s’est passé depuis le 14 janvier, ou bien en nommer d’autres, et lesquels, des juristes, des représentants de partis politiques, de la société civile ? On voit tout de suite que tous les problèmes qui ont accompagné la Haute Instance depuis sa création vont se reposer dans les mêmes termes, et prendre autant de temps pour être ou ne pas être résolus, en admettant que l’on accepte que ces experts soient eux aussi nommés par… Caïd Essebsi, sinon… Admettons encore que ce dernier accepte de se déjuger, de déjuger la Haute Instance, que celle-ci ne réagisse pas, que ses membres, en particulier les représentants des partis, acceptent d’être ainsi traités comme des auxiliaires jetables, toutes choses hautement invraisemblables, il faudrait encore combien de temps pour rédiger (se mettre d’accord sur le contenu) un ou deux, voire trois textes de constitution ? Et combien de temps encore pour les faire connaître par le peuple tunisien avant ce référendum qui n’aurait aucun chance de pouvoir être réalisé le 24 juillet, ni même le 24 septembre ou pire encore.

On commence, je pense, à voir que cette proposition, qui vise à nous simplifier la vie et à raccourcir les délais, aura des effets absolument contraires, car elle risque d’entraîner une très grande exacerbation de toutes les contradictions actuelles, une crise généralisée du pouvoir et des institutions provisoires, un affaiblissement de toute autorité, effets entraînant la possibilité d’un retour, en brandissant le danger de la guerre civile, de ceux contre qui le peuple tunisien s’est révolté, les rescapés (trop nombreux encore) du RCD, spécialistes du maintien de l’ordre et du silence des agneaux…

Poursuivons le raisonnement, en supposant qu’on ait pu survivre aux obstacles précédents, et parlons du (ou des) contenu(s) de cette constitution vouée à être soumise à référendum.

Une première proposition implique le dégraissage et la modernisation de la constitution de 1959 dont certains prétendent qu’elle n’était pas mal et qu’en lui passant une couche de vernis, à savoir, en supprimant certains articles ou en modifiant certains autres dans un esprit démocratique, elle sera tout à fait convenable.

Cela implique qu’on a répondu à une autre question préalable : la demande d’une nouvelle constitution qui a été faite par les forces vives de la révolution portait-elle sur un texte nouveau, ou renouvelé, ou impliquait-elle plutôt une redéfinition complète des rapports au sein de la société ?

Cette constitution, faite par un parti hégémonique triomphant, conçue autour du leadership d’un seul homme, organisait la société de façon centralisée, ne laissant au citoyen aucun espace d’intervention démocratique sur les choix politiques, en dehors des élections périodiques (tous les cinq ans) organisées par le pouvoir et son parti ; celui-ci, qui devenait de plus en plus indispensable, et se transformait en en parti unique d’abord, puis en une partie, illégale et cachée, mais efficace, de l’Etat, était en quelque sorte la conséquence inéluctable de la centralisation du pouvoir. Cette architecture du pouvoir est la caractéristique principale de la constitution de Bourguiba. La conserver, c’est laisser intactes les possibilités de retour du parti unique et … du RCD qui aura quelque peu modifié son apparence, ou d’un autre parti dominant qui agirait comme lui.

Comme l’évolution de la situation l’a largement démontré, revenir au travail dont on avait chargé la première commission juridique ne serait pas un choix purement technique, ce serait un choix politique, un choix contre-révolutionnaire, car la révolution a déjà dit qu’elle n’en voulait pas.

D’autres parlent de faire une nouvelle constitution. Mais la question qui se pose est « quel type de constitution » et surtout qui le définira ? A part le problème de légitimité qui se posera à nouveau, et dans les mêmes termes, cela demande des références, dont personne n’avance les contours et qui exigerait donc de longues discussions, des débats animés, bref, une préparation suffisante pour que le projet ait un sens, et tout cela nous fera arriver loin, bien loin du 24 juillet. Si on parvenait à surmonter ces obstacles, et si on élaborait un texte correspondant réellement aux choix des révolutionnaires, cette constitution, élaborée en dehors des forces populaires, au-dessus d’elles, n’aurait guère de chances d’être comprise, surtout si on propose à l’approbation un choix entre plusieurs moutures : le peuple, alors complètement perdu, ne ferait pas vraiment sienne la constitution adoptée, qu’il n’aura eu le loisir de juger que globalement.

A propos de cette possibilité de donner le choix entre plusieurs projets, cela n’est pas impossible, il existe de par le monde de nombreuses constitutions dont on pourrait s’inspirer. Mais il y a deux choix possibles en matière de répartition verticale (entre la base et le sommet) du pouvoir : la centralisation ou la décentralisation. Si on suppose qu’on a rejeté le modèle centralisé, il sera difficile, et long, d’expliquer les différences qui existent entre les modèles proposés aux électeurs, et ce serait encore plus difficile de parvenir à faire voter le 24 juillet.

Le plus grave, dans cette approche référendaire, est qu’elle écarte dès le départ les citoyens de l’élaboration de la constitution, alors même que tout le sens de la révolution est dans la volonté de participation aux choix et de contrôle de leur exécution. Personne n’a le droit de prendre prétexte de considérations techniques pour aller contre la volonté populaire. Les citoyens ne veulent pas d’une constitution imposée, ils veulent qu’elles soient leur choix, ils tiennent à se l’approprier, symbole de l’utilité de leur combat révolutionnaire. Et pour qu’elle devienne leur chose, il faut qu’elle émane d’une assemblée élue, après un large débat populaire sur son contenu.

Cela ne signifie pas qu’on rejette par principe tout référendum : après que l’assemblée constituante, si possible sous un contrôle permanent de la population, ait élaboré la constitution, elle devra la soumettre à l’approbation populaire par un référendum qui réunirait une majorité qualifiée des électeurs (au moins les deux tiers) pour que soit réalisé une large adhésion à cette constitution, gage de possibilités réelles de démocratie. »

Gilbert Naccache


Gilbert Naccache est né en 1939 à Tunis. Il fait ses études supérieures à Paris à l'institut national agronomique. De retour en Tunisie, il travaille au ministère de l'Agriculture comme ingénieur agronome. Ses activités politiques au sein du groupe Perspectives lui valent d'être arrêté en mars 1968 et lourdement condamné. Il sera libéré en 1979.