vendredi 27 mai 2011

Pornocratie & Avocature, qu’elle est belle notre Révolution !

Le buzz qui a secoué la Webosphère tunisienne aujourd’hui est la décision qu’a prononcée  tribunal de première instance, un jugement en référé à l'Agence Tunisienne d'Internet ATI pour la fermeture de tous les sites à caractère pornographique. Cette décision a été prise suite à une plainte déposée la semaine dernière par trois avocats.

Nous y voilà, la CENSURE qu’on pensait s’en être débarrassés à jamais, a de nouveau droit de citer et par le biais de nos tribunaux avec la complicité des avocats. 

Ainsi après qu’on s’est tapé 23 ans de dictature à la Zaba, voilà qu’on va devoir se taper une « AVOCATURE » entendez une dictature des avocats et dieu sait pour combien de temps encore...

Inadmissible que le puritanisme et la pornophobie, soient un prétexte pour restaurer une pratique anti-démocratique et restrictive des libertés individuelles et collectives, en usant de la censure injustifiée, aussi légale soit-elle.

Quoi que, je désapprouve le combat mené par un ex-secrétaire d’état, qui a transformé notre lutte pour la démocratie, en une histoire de « PORNOCRATIE », néanmoins,  je considère la décision de censurer les sites pornographiques, comme étant un viol collectif de notre intimité.

Certes, il s’entend que protéger les jeunes de la pornographie pourrait avoir un coût, celui de la liberté d’expression, mais les choix éthiques ne sont pas simples ; en admettant la censure comme seule alternative à cette problématique de société, nous ouvrons de nouveau la boite de pandore, et la voie à toutes sortes d’autres exactions et d’atteintes à nos libertés.

Faut-il légiférer en tenant compte avant tout des conséquences potentielles ou bien en pratiquant une sorte de respect inconditionnel de certains droits? Une réflexion morale réaliste s’impose et devra tenir compte de ces deux contraintes... et la censure ne peut en aucun cas être envisagée comme seule solution.

Enfin, permettez moi, de vous exposer bievement  mon point de vue du psychiatre que je suis et ce, études scientifiques à l’appui sur les dangers de la pornographie ; l’enquête la plus sérieuse en ce domaine a été menée au Japon sur une durée de 25 ans (1972-1995), par Milton Diamond et Manoa John A. Burns “ Pornography, Rape and sex crimes in Japon” pour l’International Journal of Law and Psychiatry. Cette étude statistique a établi qu’au cours de cette période de “libération” sexuelle, les “crimes sexuels” n’auraient pas augmenté, mais plutôt diminué. Des études similaires en Europe, Allemagne, Suède, et Danemark ont abouti aux mêmes résultats, à savoir que la pornographie diminue la tendance au viol et aux agressions sexuelles, à méditer…

En conclusion, on ne peut traiter un sujet de société par des jugements en référé, non, désolé, c’est une aberration cette décision !

Il serait souhaitable de lever l’interdiction, de renoncer à la censure, et d’engager un débat de fond dans le respect des libertés individuelles. 

Par ailleurs, on aura beaucoup plus à gagner en usant de la psychoéducation, de la prévention et de la sensibilisation aux dangers de la pornographie qu’en ayant recours à la maudite censure qui n’a pas lieu d’être dans une société qui aspire à la liberté.

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